La construction européenne au carrefour du national et de l’international

摘要: Tout chercheur voulant travailler sur des questions qui touchent à l’Europe se heurte d’emblée à un problème de définition de son objet. Car la définition des limites–territoriales ou institutionnelles–reste un des enjeux principaux de la construction européenne. Comme le montrent les débats récurrents sur la subsidiarité ou les affrontements autour des projets de constitution, les institutions et les pratiques européennes relèvent moins d’une logique d’État que de celle d’un espace international. Bruxelles est d’abord un carrefour où se confrontent des intérêts, des savoirs et des élites nationales. Et cet affrontement se renouvelle constamment dans la mesure où de nouveaux enjeux–nationaux ou internationaux–viennent remettre en question les équilibres précaires qui ont permis d’aboutir à des compromis institutionnels toujours instables. Dans ces conditions, plutôt que de chercher à identifier des objets de recherche qui pourraient apparaître comme objectivement européens, il vaut mieux se poser la question en termes de genèse d’une construction européenne, d’autant plus chaotique ou incertaine que constamment remise en question et en chantier.De surcroît, cette indétermination relative de l’objet est loin d’être sans mérite heuristique. Car elle oblige le chercheur à se poser sans cesse la question de son rapport à son objet, et plus précisément encore de sa contribution–et donc de ses intérêts à participer–à la construction d’un tel objet. Elle a aussi une vertu: celle de remettre en question les impensés qui sont inscrits–et occultés–dans la défi-